Nuit de terreur ...
rideau
la police de Vichy et les juifs
Ce sont pour la plupart des familles endormies que les coups frappés aux portes réveilleront vers trois heures du matin. Ouvrez, Police !... Les coeurs battent dans le noir. On saisit à la hâte un vêtement pour se couvrir. Les enfants pris de peur se mettent à crier, surtout lorsque, trouvant les locataires trop lents, les policiers enfoncent les portes. Les scènes qui suivent sont atroces.
Les hommes supplient qu'on épargne leurs femmes et leurs enfants, les épouses veulent suivre leur mari, mais en laissant leurs petits à la maison. On prépare à la hâte un baluchon qui contiendra ce que l'on a de plus précieux et deux jours de vivres.
les juifs et la police de Vichy
Des cars de police, des autobus attendent aux carrefours, tandis que les gendarmes quadrillent les rues, bloquent les quartiers. Des équipes de quatre hommes grimpent les escaliers, tambourinent aux portes, envahissent à la même heure des milliers d'immeubles endormis. Poussés en avant, encore ensommeillés et titubant comme dans un cauchemar, les familles arrêtées descendent les marches avec un bruit sourd.
Les bébés pleurent, les mères gémissent. On emmène les enfants malades, les femmes en couches. Même ceux qui viennent de mourir sont emportés sur des civières. Il ne faut pas qu'il manque un seul nom sur les listes.
Rue de Poitou, une mère affolée se jette par la fenêtre du quatrième avec ses deux petits enfants. D'autres suicides spectaculaires se succèdent. Il est difficile de les chiffrer, peut-être 106 en tout, sans compter les malades qui vont mourir au cours de l'opération.
la rafles des Juifs en France
Les concierges regardent passer ces cortèges lamen-tables. De leur degré de charité dépendront nombre de fuites ou la délation de cachettes sûres. Des enfants agiles s'esquivent entre deux portes. Mais le plus souvent, ne sachant où aller, ils se feront reprendre un peu plus tard.
Toute la nuit, la rafle se poursuit, méticuleusement.
Au petit jour, les commerçants, levant leurs rideaux de fer, contemplent avec désolation ce défilé pitoyable sur les trottoirs. Les Juifs s'entassent dans les autobus, les enfants plaquent leur visage, écrasent leurs petites mains contre les vitres tandis que sur les plates-formes s'empilent leurs misérables bagages, surveillés par des agents impassibles.
Les autobus emportent leurs prisonniers du centre intérimaire où l'on a vérifié leur identité,­ souvent un commissariat, une école jusqu'au Vel' d'Hiv'. Là seront parquées les familles avec enfants tandis qu'on emmènera directement vers Drancy les célibataires et les ménages sans enfants.
deportation de Juifs en France
Au fur et à mesure que les heures passent, les policiers se heurtent à des portes closes, découvrent des appar-tements vides. Les Juifs prévenus ont pu fuir. Les agents appliquent alors les scellés sur la porte et passent à un autre nom avec le même flegme, quitte à repasser dans la journée pour voir si leurs victimes désemparées ne sont pas revenues au nid.
En général ils se sont montrés assez polis lors des arrestations, afin de limiter dans la mesure du possible le scandale. Mais, au commissariat, le ton change, devient insultant, menaçant, afin de mettre un semblant d'ordre dans la pagaille qui commence. Les enfants ont déjà faim, ils ont envie de satisfaire leurs besoins, et les mères affolées ne savent plus comment apaiser leurs cris. Des bousculades se produisent.
Certains, rares, en profitent pour tenter de fuir ou pour faire s'échapper un enfant. Les autobus, des véhicules de toutes sortes, réquisitionnés, sillonnent Paris. Tous convergent à, présent vers le Vel d'Hiv'.
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Les Juifs en France